« Souterraine » Cie Seules
Une jeune comédienne réalise qu’elle a perdu sa voix. Pour la retrouver, elle plonge dans les souvenirs de son enfance. Entre le plaisir de jouer des personnages différents et la recherche d’une identité stable, elle jongle avec les ambiguïtés de la comédie et s’exerce à mettre sa vie en chanson.
Née au Perreux-sur-Marne, dans une banlieue pavillonnaire sans trop d’intérêt à part mon jardin, je vis une enfance heureuse. Jusqu’au divorce tragique de mes parents.
Je rentre au conservatoire de Vincennes, en plus de mes cours de théâtre à Nogent-sur-Marne, et j’enchaîne trois cours de théâtre par semaine. C’est là que je disparais, que je poursuis mes rêves et que la réalité ne m’atteint plus. Sauf le jour où je rejette l’idée d’être amoureuse de Vania lorsque nous répétons la pièce de Tchekhov… Je trouve le rôle sans intérêt, je deviens féministe, je rejette tout ça bien trop violemment et je décide d’arrêter le théâtre si c’est pour moi devoir tomber amoureuse d’un vieux et être mise en scène par un vieux professeur en plus ! Je préfère tout faire moi-même.
Je tente ma chance à la fac, pensant que je suis bonne — j’ai toujours pensé l’être — alors que je n’ai eu que des 9/20 toute ma scolarité.
Fac de lettres modernes, où je m’ennuie profondément. Je suis au sommet de la frustration et d’une grande tristesse, dans ces grands espaces de fac, entourée de filles voulant devenir journalistes ou professeures. Je ne sais pas quoi faire, qui être, et pourtant, je rencontre l’amour. Heureusement !
Je résiste au théâtre, qui m’appelle tous les soirs dans ma tête. Je rêve de jouer, je sais que je jouerai, mais ce n’est pas encore mon tour. Alors je fais une petite école de cinéma, dont je rembourse encore le prêt, sans y avoir rien appris, mais en m’y faisant de super copains. Ce qui fait cher le copain. Mais au moins, je tiens vraiment à lui.
Puis, en plein stage régie sur une série d’époque, j’ai une méningite. J’ai l’impression que je vais mourir, alors… je revis. Je suis traitée avec de l’opium pour mes maux de tête. Je ne sais pas si c’est l’opium qui m’a aidé à revenir à moi, ce serait problématique mais rassurez-vous je n’en ai pas repris depuis. Je me réveille un matin, je m’en souviendrais toute ma vie de ce matin là : des nuages disparaissent au fur et à mesure que mon corps se relevait de mon lit de malade. Je suis sortie d’un bond, pour écrire dix chansons, je me suis réinscrite au théâtre et je fonce maintenant depuis cinq ans dans ce milieu sans maux de tête et sans opium.